N°154 - Novembre 2012

N°154 - Novembre 2012

Qui peut le plus…

La tendance est très claire. Et semble irréversible. Voilà plusieurs années que sous le double effet des stratégies d’externalisation menées par les grands secteurs clients et de la volonté de réduire le nombre de leurs fournisseurs, le poids des responsabilités qui pèsent sur les épaules de ces derniers ne cesse de s’accroître. Cette course effrénée au recentrage sur son cœur de métier s’accompagne inéluctablement d’une déperdition de savoir-faire dans de nombreux domaines chez les donneurs d’ordres. Et ce savoir-faire, il faut bien le retrouver quelque part. C’est donc vers les spécialistes des différentes professions que se tournent les clients en leur transférant des pans toujours plus larges d’activités qu’ils prenaient en charge eux-mêmes auparavant. 
Rien d’étonnant alors que les fournisseurs voient leur propre métier évoluer en conséquence. Le domaine des transmissions de puissance en fournit un exemple particulièrement significatif. Longtemps cantonnés au sein d’une sphère d’activités restreinte à quelques gammes de produits isolées, les spécialistes du secteur ont été amenés à sortir de leur pré-carré et à agglomérer à leur offre nombre de composants et fonctions complémentaires. A tel point que certains ne voient plus leur salut autrement que par une prise en charge toujours plus poussée de systèmes complets et multi-technologiques qu’on leur demande d’appréhender de A à Z, depuis la conception jusqu’à la mise en route sur le site du client, voire la maintenance et la formation des opérateurs… Cette longue marche vers le clé en main  se traduit par une mutation des métiers. De fournisseurs de produits à l’origine, les spécialistes des transmissions doivent parfois assumer un véritable statut d’ingénieriste, quitte à eux-mêmes s’associer avec des partenaires afin de proposer des offres complètes quand ils ne possèdent pas l’ensemble des compétences nécessaires en interne. Est-ce à dire pour autant que le composant isolé n’aura plus sa place à l’avenir ? Après tout, qui peut le plus, peut le moins, et on peut penser que le spécialiste du système global est également apte à en concevoir et fabriquer les différentes parties. Ce serait aller un peu vite en besogne. Si les acteurs du métier sont unanimes à reconnaître et s’adapter à cette nouvelle donne, ils n’en considèrent pas moins que c’est au sein du produit que réside avant tout le véritable savoir-faire. L’avenir ne se dessinera donc pas autour d’une opposition stérile entre « simple » composant et système complet,  mais bien par une bonne maîtrise de l’un et de l’autre. Un bon système doit être basé sur de bons composants. La complémentarité technologique est évidente. En outre, d’un point de vue strictement commercial, faire du système pour le plaisir de faire du système ne constitue pas une fin en soi, comme nous le rappelle un des intervenants au dossier de ce numéro. Il s’agit avant tout de répondre au besoin du marché. Dans ce contexte, la logique commerciale du système complet n’est jamais aussi évidente que lorsqu’il permet d’accroître les fournitures de composants…

Alain Vandewynckele, Rédacteur en chef

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