Avec un chiffre d’affaires en recul de 1,1 % en 2019, les métiers de la transmission de puissance marquent le pas. À 7,840 milliards d’euros contre 7,930 en 2018, le recul s’explique en partie par la crise du secteur de l’automobile due à la transition énergétique et l’effondrement des ventes de diesel. Mais à y regarder de plus près, ce tassement trouve d’autres explications…

Les transmissions mécaniques continuent de croître, de 1% en 2019, essentiellement en adressant le marché de l’industrie, selon le syndicat Artema. © Artema

Artema, le syndicat de la mécatronique, détaille ces résultats, à travers les explications de sa déléguée générale, Laurence Chérillat : « la dégradation est intervenue au deuxième semestre de 2019, après une première moitié de l’année en croissance, voire en très forte croissance pour certaines professions. C’est essentiellement l’industrie qui a décroché : investissements en baisse et repli des exportations. »
La chute du secteur automobile n’explique pas tout : « le dernier trimestre de l’année a été meilleur d’environ 10 %, mais la base de comparaison du quatrième trimestre de 2018 n’était pas bonne, dues aux nouvelles normes anti-pollution entrées en vigueur en septembre 2018 » souligne Laurence Chérillat. Dans le détail, le secteur des transmissions et automatismes pneumatiques, qui adresse globalement l’industrie, est en repli de 2 %, après une croissance continue pendant plusieurs années : « nous étions à des niveaux très élevés, avec un niveau record en 2018 » note la déléguée générale. 2019 est en quelque sorte l’occasion d’une correction, dans le jargon boursier. Le secteur recule en effet après une baisse des investissements.

Déstockage dans l’hydraulique
Idem pour les transmissions hydrauliques, qui reculent de 1 %. « Une sorte de pause dans un mouvement de croissance un peu folle » souligne Laurence Chérillat. Le premier semestre, à +10 % fin juin, a été exceptionnellement dynamique, sur la lancée de 2018. Dès septembre 2019, la dégradation est brutale : « cela s’explique par la chute de l’activité mobile, sur le marché du BTP et du machinisme agricole. Ce dernier était à un niveau très haut, presque en surchauffe. Mais l’hydraulique est coutumier de ce genre de phénomène. En l’occurrence, l’export s’est plus fortement replié (-4 %) que le marché français, qui reste positif, à +1,5 %. »
Précédemment, l’hydraulique avait connu des retards de livraison. « Les OEM ont amplifié leurs demandes pour éviter de se retrouver à court de pièces et constitué du stock de précaution. Suit un ralentissement très classique lié au déstockage, d’où cet arrêt brutal » analyse Laurence Chérillat. Le structurel (déstockage) a amplifié le conjoncturel (repli des marchés). Le marché de l’hydraulique industriel demeure plutôt stable.

 Les transmissions mécaniques en croissance
La transmission de puissance a-t-elle mangé son pain blanc ? Pas sûr. Le panorama demeure contrasté. Les transmissions mécaniques continuent de croître, de 1 % en 2019, essentiellement en adressant le marché de l’industrie. Comme pour d’autres métiers de la transmission de puissance : premier semestre en croissance, et repli observé à compter du mois de juin, accéléré à partir de septembre. « La robotique a beaucoup baissé, notamment avec les réducteurs de précision, indique Laurence Chérillat. L’éolien est positif, en revanche. »
Les roulements et guidages baissent de 3,6 %, l’étanchéité gagne 2 %, les fixations baissent légèrement de 0,5 %. La maintenance demeure stable. La chute des roulements et guidages est très liée au secteur automobile et à l’industrie. Les transmissions mécaniques, malgré le recul des engins mobiles, profitent de la croissance de l’éolien. Globalement, les résultats sont en repli, mais pas catastrophiques : « nous avons été surpris par le deuxième semestre » indique Laurence Chérillat. « Nos prévisions étaient très conservatrices. Nous sentions que nous ne pouvions pas demeurer sur les niveaux de croissance des années précédentes. »

My Artema : une plateforme professionnelle sécurisée pour les adhérents

Artema est l’une des premières organisations professionnelles à s’être doté en 2019 d’une solution de plateforme collaborative et sociale pour ses adhérents. Et il a eu le nez creux, cette plateforme a été un outil indispensable durant le confinement pour maintenir le lien, renforcer la communauté et alimenter en informations les adhérents et partenaires en télétravail. Depuis cette période la connexion hebdomadaire s’est accrue : 1 personne sur 6 connectée parmi les 700 personnes inscrites. Les outils adaptatifs et fonctionnels de la plateforme, aussi disponible en application mobile, ont joué un grand rôle dans son succès : messenger par groupe, visio-conférence, capsule vidéo, FAQ par thème, enquêtes, outils de gestion de projets (calendrier, sondage de dates, kanban board …), moteur de recherche avec IA intégrée. My Artema a renforcé l’appartenance des adhérents à leur syndicat qui a su accroître sa proximité. 

L’étanchéité à la hausse
Ce métier connaît une année 2019 positive à +2 %. Dans le détail, le syndicat observe « un très bon premier semestre pour ce métier, un second plus difficile, notamment pour l’étanchéité dite statique. L’étanchéité, par exemple dans les garnitures mécaniques, a été plutôt meilleure que les autres, grâce à l’agroalimentaire ou l’oil & gas. »

Les exportations en repli
Au global, les exportations baissent, avec des variations d’un métier à un autre. « Les transmissions mécaniques obéissent à d’autres cycles que les autres métiers, notamment grâce aux réducteurs, qui tirent ce secteur. » En considérant le panorama par marché, le métier des roulements et guidage, lié à l’automobile, ne profite pas encore à plein des voitures électriques, et reste impacté par la baisse du diesel. Il est donc en baisse, alors que les fixations, moins sujettes à cette évolution du marché automobile, demeurent stables. Les adhérents d’Artema présents sur ce marché ont commencé à évoluer : « à la fois en termes de production, en conservant les produits à plus forte valeur ajoutée. Il y a également de l’innovation pour proposer des composants à destination des motorisations électriques. Mais ce marché évolue lentement, et le relais n’est pas encore assuré » déplore la déléguée générale.
Dans le domaine des fixations, de nombreuses innovations portent sur les matériaux en vue d’alléger les véhicules : « les entreprises sont prêtes, mais le volume n’est pas encore là. Pour autant, nous devons raisonner à l’échelle mondiale, pas seulement française. Nos adhérents livrent le monde entier. » À noter que les ventes mondiales de véhicules neufs en 2019 s’effondrent de 4,5 %… Selon Artema, cette baisse est due principalement à la Chine.

La ventilation des chiffres d’affaires des différentes professions du syndicat montre la prééminence des roulements et guidages linéaires. © Artema

Répartition du chiffre d'affaire 2019 des professions d'Artema

Des adhérents très diversifiés
Si certains adhérents d’Artema sont plus exposés que d’autres au fort repli du marché automobile, ils demeurent dans l’ensemble très diversifiés : agroalimentaire, éolien, industrie, BTP… « Réduire sa présence dans l’automobile ne permet pas automatiquement un report vers d’autres marchés » souligne Laurence Chérillat. « Nos adhérents touchent déjà tous les marchés, les marges de développement ne sont pas infinies… » Ils ont plutôt à cœur de négocier la transition vers l’électromobilité, sur laquelle ils sont déjà positionnés, en étant force de proposition. 
Du côté des effectifs, ceux-ci sont stables en 2019. Le nombre d’apprentis progresse de 1 % : « le taux moyen d’apprentis, tous métiers confondus, atteint 3% par entreprise. Le record d’apprentis parmi nos adhérents est de 8 % ! »

2020, année sacrifiée
« Nous anticipions une année 2020 en repli, sur la base d’une année 2019 espérée en croissance. Le premier trimestre de 2020 était sur la tendance de la fin 2019 : moyen, voire pas bon, tant sur le plan domestique qu’à l’export. Pourtant, au gré de nos réunions avant la crise sanitaire, le deuxième semestre de 2020 semblait se présenter un peu mieux que l’année précédente, dans toutes les professions » note Laurence Chérillat.

Las ! le covid 19 arrive : « L’impact se fait sentir en avril, avec des baisses de chiffres d’affaires qui s’échelonnent de -20 % à -80 %. » Les industriels présents en Chine ont vu arriver le phénomène : « Wuhan concentre beaucoup d’entreprises françaises, qui se sont retrouvées complètement arrêtées. Ces entreprises étaient en avance sur les mesures sanitaires du type port du masque ou hygiène particulière, ce qui leur a permis de rouvrir en Europe dans de meilleures conditions. De là à évaluer précisément l’ampleur de cette crise, et les mesures du type confinement décidées en Europe, il y a un gouffre…Il y a eu un gros problème de communication du gouvernement sur les fermetures de site. Pratiquement tous nos adhérents ont continué de travailler. »
Mais l’industrie est une chaîne : « l’automobile a dû fermer parce que les concessionnaires étaient fermés, ou qu’il n’y avait plus de transporteurs. Ces derniers étaient interdits de travailler. Cela s’est répercuté sur les fournisseurs, évidemment. » Résultat : un mois de mars 2020 à -23 %, d’avril à -45 %, et de mai à probablement -40 %. Juin devrait remonter à -25 ou -30 %. 

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